La Cardiomyopathie dilatée
est sans aucun doute la pathologie du myocarde la plus fréquente
en médecine vétérinaire chez les chiens de grande
race.
Par
définition, la C.M.D. est une augmentation de volume de la cavité
ventriculaire gauche, une diminution de la contractilité
du VG et une altération
de la fonction diastolique du ventricule gauche (fonction diastolique
: capacité du VG à se remplir pendant la phase diastolique).
La
composante
génétique n’est pas clairement démontrée
et prouvée, mais la suspicion est forte (une grande étude
de dépistage de CMD chez le Dogue
allemand est en cours aux USA).
L’apparition
insidieuse de la pathologie fait que le diagnostic clinique n’est possible
que lorsque les nombreux mécanismes de compensation sont débordés.
En
résumé, le diagnostic clinique ne se fait que lors de
la décompensation cardiaque. La fraction d’éjection du VG
s’écroule, associée à une altération de la
fonction
diastolique, engendrant une surcharge de l’oreillette gauche d’où
une dilatation de l’atrium gauche.
Parmi
les complications de cette pathologie, la plus importante est le
risque de formation de thrombus dans l’oreillette gauche et le ventricule
gauche. Au niveau échographique, il est possible de visualiser le
thrombus et d’évaluer le risque thrombogène. La présence
de
contraste spontané (observé en mode 2D) augmente
le risque de formation d’un thrombus. La plupart du temps, il n’existe
pas de lésion valvulaire associée, ce qui n’empêche
pas la présence d’une insuffisance mitrale par exemple (par
dilatation de l’anneau mitral).
La prédisposition raciale
existe : Pinsher, Boxer, Dogue Allemand, Cocker spaniel,
Bull
terrier, Bulldog anglais, English Springer Spaniel, mais aussi
Labrador, et toutes les races géantes. Certaines
formes sont associées à une carence en Carnitine.
Les
symptômes
n’apparaissent que tardivement hélas ! La
première phase
est asymptômatique, et se traduit par des troubles du rythme
(détectables à
l’E.C.G.), un souffle systolique (souffle d’insuffisance mitrale),
une auscultation de galop, une tachyarythmie. L’évolution de la
pathologie engendre l’apparition de
symptômes, c’est la deuxième phase : toux, dyspnée,
O.A.P., augmentation de la pression veineuse centrale, et ascite. Dans
les stades avancés, le pouls devient faible,
le temps de recoloration capillaire augmente, on observe des faiblesses,
une hypothermie, et des troubles du rythme.
Le
diagnostic n’est pas facile dans la phase asymptomatique. Seule
une auscultation approfondie à la recherche d’un souffle,
d’un bruit de galop permet d’orienter vers les examens complémentaires
nécessaires : ECG (Fibrillation auriculaire, tachycardie
ventriculaire, etc.),
et surtout échographie doppler (qui
seule permet le diagnostic de certitude précoce !).
La suspicion de pathologie cardiaque dans la phase symptomatique est
plus évidente, mais demande quand même la réalisation
d’examens complémentaires (Radiographie, ECG, qui confirment les
suspicions mais c’est surtout l’échographie doppler qui permet de
confirmer avec certitude le diagnostic, permet de quantifier la gravité
et d’évaluer l’efficacité cardiaque). Tout ceci permet d’ajuster
au mieux le traitement !
Le
traitement
est assez complexe ! Il ne peut être efficace que si il est
ajusté au mieux à la phase de la pathologie. La supplémentation
en L-Carnitine à la dose de 200 mg/kg/j est assez dure à
respecter à cause des effets secondaires digestifs et de l’absence
de présentation adaptée. En cas de trouble du rythme,
différentes classes thérapeutiques sont utilisables : la
digoxine,
si on observe des ESA ou de la FA, des béta-bloquants si
les troubles du rythme sont d’origine ventriculaire : ESV. Les IEC
sont intéressants à tous les stades et doublement
importants quand une insuffisance mitrale est présente. Enfin les
diurétiques
permettent une diminution de la pré et de la post-charge, ceux ci
s’utiliseront donc en cas de dyspnée nocturne et/ou de bruit de
galop. Dans les cas de forte décompensation, il est parfois nécessaire
d’hospitaliser l’animal afin d’administer les médicaments sous forme
injectable et d’évaluer la réponse aux traitements.
Apport de l'échographie doppler en pratique
L'echo-doppler cardiaque permet de poser le diagnostic de C.M.D avec
certitude, même si celui-ci peut parfois sembler évident.
A la fin d'un examen cardiaque
par echo-doppler, il est possible de faire un état des lieux
des lésions et d’évaluer la fonction cardiaque: quantification
de l’efficacité cardiaque (Fraction de
raccourcissement et fraction d’éjection), importance de la dilatation
des différentes cavités (le ventricule gauche n’est pas le
seul à se dilater), présence ou non
d’une fuite mitrale (par dilatation de l’anneau mitral), quantification
de l’insuffisance mitrale, et évaluation du risque thrombogène.
L'écho-doppler cardiaque permet de diagnostiquer les CMD au stade
non symptomatique. Ceci permet donc la mise en place d’un traitement précoce,
la
surveillance assidue du propriétaire et du vétérinaire.
De plus, au niveau compréhension du propriétaire, il est
souvent plus facile d'expliquer la pathologie photo à l'appui que
par des grandes explications abstraites, ce qui
engendre une meilleure prise de conscience de la nécessité
d'un suivi régulier, et d'une adaptation du traitement avec l'évolution
de la pathologie: intéret de l'I.E.C,
administration de diurétiques dés le diagnostic ou non,
ajout d'un digitalique, régime hyposodé, surveillance de
la fonction rénale, etc...
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